juillet 2019
juillet 2019
Essentiellement affective et affectivement essentielle, ce nouveau bijoux d’exposition du Jeu de Paume nous plonge dans le sud des Etats-Unis au travers de l’objectif de Sally Mann, née en 1951 à Lexington en Virginie.
Amoureuse de ces régions moites et austères, où l’âme humaine a connu le pire, la photographe, dans ses premières années, met en scène au travers de sa famille et ses enfants, cette relation fusionnelle qu’elle a connu petite avec la nature foisonnante.
Petit à petit son travail devient plus mémoriel et plus engagé. Sally Mann photographie cette terre qui a connu les guerres et les violences raciales.
Champs de bataille rendus aux broussailles et aux cours d’eau, lieux de lynchage redevenus bucoliques, elle cherche en Géorgie, en Louisiane et au Mississippi, les marques que la mort aurait laissé dans ces paysages.
Au début des années 2000, son introspection se fait encore plus personnelle. Sally Mann prend conscience du rôle que sa famille a joué dans l’acceptation silencieuse de la question raciale.
Elle rend hommage avec émotion et respect à sa nounou noire, Gee-Gee, et photographie avec un engagement délicat de jeunes diplômés afro-américains, survivants d’une génération sacrifiée.
Sally Mann aurait eu 20/20 en commentaire composé tant elle réussi à associer le fond et la forme.
Attachée à la technique photographique, ces compositions sont, sous couvert d’être naturelles, extrêmement travaillées.
Dès le début, elle choisi d’utiliser un boitier de très grand format qui donnent à ses photographies “de famille”, une profondeur, un contraste et des effets de photo d’art.
Elle travaillera par la suite le collodion humide, préparant elle-même ses négatifs, et découvrant au moment du tirage, les traces, coulures, poussières et défauts aléatoires laissés par le produit.
Très gros plans, nudité charmante, ombres noires et blanc lumineux, on a plongé avec admiration dans le monde de cette photographe qui a ouvert les yeux.
“My job is not to make people comfortable.
My job is to make them think”.