avril 2019

Thomas Schütte – Thomas Houseago

Vingt ans séparent Thomas Houseago, né à Leeds en 1972 et Thomas Schütte, né à Düsseldorf en 1954.
Le premier, marqué par une enfance douloureuse, vit et travaille à Los Angeles, où il est devenu la coqueluche des collectionneurs.
Le second, discret ancien élève de Gerhard Richter, profite d’une notoriété établie et méritée, et est resté attaché à son Allemagne natale.

 

Nos deux Thomas sont parmi les plus grands sculpteurs contemporains.
Si Schütte a une prédilection pour les visages, Houseago s’intéresse plus particulièrement aux corps.
L’homme est en mouvement chez Houseago, il est figé et pris au piège chez Schütte.
Les matériaux sont bruts et monochromes chez Houseago, plâtre, ferrailles, bois, ils deviennent précieux chez Schütte, bronze, verre de Murano, céramique.
Les personnages d’Houseago sont immenses et presque réconfortants, solides ; chez Schütte, ils sont grimaçants, déformés et autoritaires.
Houseago attache une importance particulière aux socles qu’il sculpte à l’instar de Brancusi.
Schütte paralyse ses personnages dans une “boue” imaginaire ou en fait des marionnettes sans pieds.

 

Nos deux Thomas parlent de la mort.
Elle est cynique pour Schütte avec ces urnes funéraires XXL, la maquette de sa propre tombe, les dessins fleuris nostalgiques…
Elle est plus emblématique pour Houseago, avec ses gigantesques totems, debout ou couchés.

 

Nos deux Thomas se construisent des tanières et des héros.
Ils sont gigantesques chez Houseago, plus protecteurs qu’angoissants.
Schütte, architecte minimal, imagine et construit des cabanes, des maisons pour “un”, mi cocon, mi prison.
Kristall II, en taille réelle, clos magnifiquement l’exposition.

 

Certains seront plus intrigués par le travail protéiforme de Schütte, plus ironique, plus politique, plus incorrect, d’autres seront transportés par celui d’Houseago plus majestueux, plus brut.
Quoi qu’il en soit, on a affaire à deux sacrés Thomas.